Vol au-dessus des yeux de Grumbach – 01/02/2019
Les yeux du ciel
Les voyageurs à destination de l'aéroport Roissy-Charles de Gaulle pourront survoler, d'ici à 2024, un géoglyphe long de 800 mètres, “Les yeux du ciel”, réalisé par Antoine Grumbach, en partenariat avec le Groupe environnemental ECT d'aménagement des sols d'Île-de-France.
L'œuvre de Land Art réalisé par l'urbaniste Antoine Grumbach a été inauguré dernièrement, rassemblant sur le belvédère de Villeneuve-sous-Dammartin, en Seine-et-Marne, les autorités locales et la présidence du groupe ECT. La société environnementale et d'aménagement est, en effet, parrain du projet : Laurent Mogno signera prochainement un accord de coopération avec les maires des communes environnantes.
Sous le crédo “des terres, des projets, la vie”, le groupe s'inscrit dans une dynamique d'économie circulaire de réutilisation des sols excavées d'Île-deFrance. L'événement s'est organisé autour de la plantation du premier “cil” du géoglyphe, matérialisé par un chêne vert et une première pierre à cet édifice considérable long de 800 m, à trois kilomètres des pistes de l'aéroport.
Les terres excavées des chantiers du Grand Paris constitueront donc la matière première des “Yeux du Ciel”. Un oxymore charmant d'implication écologique mais aussi culturelle, puisque l'œuvre se fera, sur place, support de vastes esplanades propices aux expositions, concerts et spectacles de toute nature.
"Faire d'une décharge un lieu de poésie majeure, quelle mutation géniale !"
Un environnement maraîcher (légumes, fruits, ruches), un amphithéâtre, mais aussi un observatoire astronomique, sont ainsi au cœur des débats concernant l'aménagement de la pupille géante qui devrait voir le jour d'ici à 2024, fixant du regard l'ouverture des Jeux Olympiques.
L'origine du projet
Antoine Grumbach avait répondu à l'appel de la première consultation lancée par Nicolas Sarkozy en 2008. Neuf des 130 hectares du grand site de terres recyclées par le groupe ECT ont été mis à disposition des artistes souhaitant rendre hommage à la métropole du Grand Paris, au sein desquels il avait figuré parmi les dix lauréats.
Comme le souligne Roland Castro, urbaniste et auteur du récent rapport remis à la Présidence française, Du Grand Paris à Paris en Grand : « Faire d'une décharge un lieu de poésie majeure, quelle mutation géniale ! Voilà une initiative privée d'intérêt public menée en bonne intelligence avec les élus de terrain. Cette manière de faire permettra de transformer les quartiers les plus moches du Grand Paris. »
L'art s'immisce, se dénature
Comment définir le Land Art métropolitain ? Antoine Grumbach tente d'éclaircir l'objet de son projet artistique... Depuis 20 ans, l'artiste se distingue, par sa réflexion essentielle sur l'emploi des vides, des mouvements et du temps dans l'architecture. Le mouvement Land Art, issu de l'art contemporain et composant avec le cadre et les matériaux de la nature se plient ainsi parfaitement à ses aspirations. Exposées aux éléments et soumis à l'érosion naturelle, ces œuvres immenses sont pourtant subordonnées à l'épreuve du temps.
Au-delà du double enjeu à la fois historique et écologique, l'artiste se passionne depuis quelque temps pour les géoglyphes, motifs immenses réalisés à même le sol qui ne sont visibles que d'une très grande hauteur, à l'image des lignes de Nazca, au Pérou, ou encore de l'Homme de Marée en Australie. « Je trouve intéressant de nous replacer dans cette histoire millénaire », explique l'artiste. La temporalité s'impose donc comme le fil conducteur de cette œuvre, dont la composition végétale, lui vaudra son changement de teinte au gré des quatre-saisons.
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